Rendez-vous pour discuter d’une Évaluation Préalable à la Création d’Entreprise (EPCE)

Rendez-vous pour discuter d’une Évaluation Préalable à la Création d’Entreprise (EPCE)

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Note : je ne l’ai pas précisé dans les premiers billets, mais j’enregistre toujours toutes les conversations sur mon téléphone pendant mes rendez-vous pour me permettre de ne pas oublier ou déformer des propos, ce qui fait que les informations contenues dans mes billets sont toujours fiables.

Hier matin à 11h00, suite à mon rendez-vous avec mon conseiller pôle emploi, je suis allé à la rencontre d’une société de prestation qui propose de faire une EPCE : une Évaluation Préalable à la Création d’Entreprise.

Je ne suis pas arrivé les mains vides puisque j’avais rempli les trois quarts du guide pratique du créateur 2014 de l’APCE, excellent guide, très complet, que je vous recommande une fois de plus. Grâce à ce guide j’ai pu quantifier mes besoins financiers et projeter le nombre de clients qu’il me fallait par an pour pouvoir vivre de la vente de l’application Android Hercule (sans faire de bénéfices, juste couvrir mes dépenses). Cette étape est très importante car elle me permet de me fixer des objectifs et de me donner des ordres de grandeur sur le nombre de clients qu’il me faut par rapport à un prix de vente donné.

J’arrive donc au rendez-vous à 11h00 comme prévu, un homme me reçoit et se présente rapidement. Je lui parle de mon projet de créer mon entreprise pour vivre du développement et de la vente d’applications Android. On discute du projet, de l’application, où elle en est, combien j’ai de testeurs etc. Ensuite il me parle de l’objectif de l’entretien : c’est d’adhérer ou pas à la prestation qu’il me propose.

Il m’explique donc cette prestation que je vais détailler et commenter dans ce billet.

Détails de la prestation EPCE

Voici le détail de la prestation fournie par cette société et mon analyse personnelle par rapport à mon projet.

L’EPCE a pour objectif d’évaluer la viabilité du projet sur la base d’un plan d’affaires (business plan). Ils vont analyser les points forts et les points faibles du projet à partir des données contenues dans le business plan. Comme la plupart du temps le business plan n’est pas formalisé, l’EPCE permet d’aider le porteur du projet a formaliser celui-ci pour pouvoir le présenter par exemple dans un concours, devant une banque, devant des investisseurs pour lever des fonds ou trouver des partenaires. Cette étude doit se faire sur une durée maximale d’un mois, en 10h environ, elle est financée par pôle emploi et des aides locales : le porteur de projet n’a donc rien à payer.

Mon analyse

Petite parenthèse avant de commencer : je suis une formation en parallèle du développement d’Hercule qui s’appelle Koudetat+. Cette formation est dispensée par l’accélérateur de startup parisien TheFamily, on peut suivre cette formation à distance via du live streaming tous les samedis. L’équipe fondatrice est vraiment excellente, je vous recommande d’y adhérer pour la saison 2 qui débute au mois de septembre 2014. Dans cette formation on y apprend les derniers outils pour créer sa startup, le mindset (état d’esprit) à avoir et on y apprend aussi que très clairement, rédiger un business plan est une pure perte de temps.

Dans le monde du numérique tout change très vite et deux ou trois ans dans ce monde représentent une évolution de 50 voire 100 ans dans le monde industriel classique. Les technologies évoluent tellement vite et cassent de plus en plus les modèles économiques qu’on connaît. Le business plan est certainement très intéressant lorsqu’on crée une société qui vend des produits physiques par exemple, car on a des fournisseurs à payer, des stocks à gérer, des charges, des loyers d’entrepôts, un besoin en fonds de roulement etc. Mais pour la vente d’une application Android, qui est totalement immatérielle et qui vit dans le monde du numérique, c’est une perte de temps.

La viabilité du projet, on va la tester sur le terrain directement, avec un MVP (Minimum Viable Product / Produit Minimum Viable) mis sur le marché rapidement, pour voir comment celui-ci réagit. C’est ce que je compte faire. Pour résumer donc, le business plan, c’est bullshit : car il n’existe aucun moyen de connaître l’avenir et se prendre la tête à faire un business plan avec des projections à 3 ans est un exercice inutile puisque quoi qu’il se passe, il sera faux : la réalité sera toute autre. Donc à quoi bon perdre son temps à rédiger un « plan » qui ne sera jamais suivi ?

Enfin formaliser le projet pour pouvoir le présenter aux banques, investisseurs etc. comme je ne souhaite pas lever de fonds, je ne vois pas l’intérêt, encore une perte de temps. En effet je souhaite bootstrapper, ce qui signifie que je veux être rentable sans avoir à faire appel à des sources extérieures d’argent. J’utilise uniquement mes économies dont mes indemnités chômage et les aides proposées par Pôle Emploi ou l’Etat lors de la création d’entreprise mais je ne veux avoir de comptes à rendre à personne, certainement pas à des investisseurs ou des banquiers.

Premier entretien

Lors du premier entretien la personne proposant la prestation va vérifier l’adéquation entre le porteur de projet, ce qu’il a fait comme études, ce qu’il a comme compétences, comme expérience et le projet qu’il souhaite mener. Ils vont regarder les points forts mais surtout les points faibles : est-ce qu’il ne faut pas une formation par exemple pour compléter les compétences ?

Mon analyse

Qui d’autre que moi peut savoir si je suis capable ou pas d’entreprendre ce projet ? Qui peut déterminer mes compétences techniques ? Mon aptitude à apprendre ? La personne qui m’a reçu ne sait pas programmer, comment elle peut savoir si je suis un bon ingénieur en informatique ? Déjà entre nous on a beaucoup de mal à se juger car c’est une tâche extrêmement difficile de juger un autre ingénieur sur la qualité de ses développements, alors quelqu’un qui n’y connaît rien en informatique… Est-ce que j’ai besoin d’une formation ? Oui, j’avais besoin d’une petite remise à nouveau sur les dernières nouveautés à disposition des startups sur le marché et j’ai trouvé la formation Koudetat+, et j’en suis très satisfait.

Deuxième et troisième entretien

Il s’agit ici d’analyser l’étude de marché et de répondre aux questions suivantes : comment le marché a été analysé ? Il faut approfondir le besoin et le comportement des clients : comment consomment-ils, quelles sont leurs habitudes d’achat, quelles sont les attentes des clients aujourd’hui ? Pourquoi seraient-ils plus intéressés par votre application que les autres applications qui existent déjà et qui sont gratuites ? Quels sont les concurrents directs, indirects, faire une analyse de leurs points forts et faibles dans un tableau pour connaître le marché. Voir les prix pratiqués par la concurrence. Quelle démarche commerciale allez-vous effectuer pour vous faire connaître ? Est-ce qu’il y a besoin de déléguer la vente à un commercial ?

Mon analyse

Quoi de mieux pour connaître ses clients que d’aller discuter directement avec eux plutôt que de se baser sur les chiffres d’une étude statistique improbable ? Pour l’analyse des concurrents je l’ai déjà faite aussi, je suis en train de rédiger un billet pour en parler. Pour la vente, la stratégie et le besoin d’un commercial, je pense que ce sont des points intéressants pour le monde industriel mais pas pour le numérique. Pour vendre des applications Android je me vois mal embaucher un commercial, quel intérêt ? Puisque je n’ai pas besoin d’être au contact physique des clients ! Pour me faire connaître, il faut utiliser les techniques de growth hacking et la formation Koudetat+ m’enseigne déjà ces techniques.

Quatrième entretien

Il s’agit ici de faire l’analyse financière, d’établir la prévision du chiffre d’affaires, des charges etc. Après cette démarche on analyse alors le meilleur choix pour le statut juridique de l’entreprise.

Mon analyse

En ce qui concerne l’analyse financière elle est finalement assez simple à faire, j’ai besoin d’un salaire, mes revenus c’est la vente d’applications Android.

Point.

Les seules zones d’ombre à éclaircir ici sont les charges sociales pour l’entreprise, le type d’imposition sur ces revenus (je ne connais pas la législation en France pour des revenus générés par une application Android, mais je vais me renseigner). Quant au statut juridique, Koudetat+ recommande une SAS pour les startups. Moi je ne veux pas faire de startups mais si je veux m’associer à quelqu’un, si l’activité croît, si une entreprise veut investir, prendre des parts ou me racheter il me faut une SAS. Bref là encore, l’EPCE m’est inutile.

Conclusion

Lorsqu’il m’a posé la question de savoir si cette étude répondrait à mes besoins, évidemment j’ai dis que non.

En effet l’EPCE dans mon cas particulier serait une perte de temps, ce que je ne peux pas permettre car il faut que je continue le développement de l’application. Bien sûr cette personne, comme elle l’a très justement dit, aurait pu m’apporter un regard extérieur sur ce projet. Mais personne n’est devin, parfois on pense que votre projet va fonctionner, que c’est une idée géniale, et ça foire, parfois on pense que ça va foirer, et ça cartonne, du coup quel intérêt d’avoir un regard extérieur ? Aucun.

Même des gens qui sont dans le métier de la création d’entreprise et des startups se trompent, même les VC (Venture Capitalists, capital-risqueurs) dont le métier même est de reconnaître les bonnes startups et d’investir se trompent. Souvent l’idée originale se transforme au cours du temps, au contact des clients, du marché, on appelle ça un pivot. Si l’idée de base semble vouée à l’échec et qu’on s’arrête là parce que quelqu’un vous dit que ça ne marchera pas, pour moi ce n’est pas ça être entrepreneur, entreprendre c’est sauter dans le vide. La vérité c’est que personne ne sait si une idée va fonctionner ou pas, l’importance de l’exécution de l’idée est aussi souvent négligée alors qu’elle est primordiale. Ce qui veut dire qu’une idée qui n’est pas neuve (c’est mon cas) peut très bien fonctionner si elle est correctement exécutée.

Enfin dernier point, ce monsieur a essayé de me « vendre » l’intérêt du business plan en me disant : « mais si demain par exemple une entreprise vient vous voir pour racheter votre application / projet (ce qu’on appelle un exit dans le monde des startups) si vous n’avez pas de business plan comment vont-ils faire pour voir les revenus qu’ils pourraient récupérer de ce rachat dans le futur ? ». Et bien je lui ai répondu que c’était simple : s’ils veulent me racheter c’est que je suis en croissance et que je fais des bénéfices, on ne rachète pas une entreprise juste parce qu’il existe un bout de papier (le business plan) où il est écrit que la boîte va faire des millions dans quelques années. Non. On rachète une boîte car elle peut prouver qu’elle fait déjà des bénéfices et qu’elle est en croissance.

Dans mon cas, si une boîte veut racheter mon application, je pourrai lui montrer les revenus générés, mon nombre d’utilisateurs, la croissance par mois etc. bref les metrics de l’application qui sont des chiffres réels et fiables de l’état de santé de l’application plutôt que des projections fumeuses provenant d’un business plan.

Pour terminer et conclure, je pense que l’EPCE n’est pas un outil adapté à la création d’une société dans le monde du numérique d’aujourd’hui mais est idéal pour les entreprises de type industriel liées à un produit physique.

Et pour la suite ?

J’ai envoyé un email à mon conseiller pôle emploi pour savoir s’il avait des contacts avec un comptable pour discuter des charges et de la législation en France conernant les SAS dont le coeur de métier est le développement et la vente d’applications Android. J’attends son retour et en attendant, je retourne coder !